Le travail d' A.Dionys, après son passage auxBeaux-Arts de Bordeaux, n'a pas quitté le champ singulier qu'il avait déjà abordé. Une minutieuse et savante exploration d'un monde à lui-même peut-être encore inconnu mais pressenti et ressenti dans une fièvre qui ne cède pas.
Ce monde peuplé de traces immémorielles, révèle cependant des signes repérables quelquefois dans de vieux manuscrits de l'Asie du Sud-Est ou de l'Amérique précolombienne où il n'a pourtant encore jamais habité. A.Dionys est parti sur les lieux présumés de son inspiration pour être au plus près de leur esprit.
Son parcours artistique est marqué par de longs séjours en Asie du Sud-Est et en Australie. Ce périple en solitaire de plusieurs années où il a vécu plusieurs mois dans des pays comme la Birmanie, la Thaïlande, l'Inde, le Cambodge ou le Laos et d'autres pays dans lesquels il s'est imprégné des cultures locales.
Ici pas de projet préétabli, pas de plan formel. Mais une avancée vers quelque chose d'inconnu et qui se donne. La toile est vierge, blanche ou noire, comme l'encre des nuits, comme le rocher muet, muré dans son silence de pierre. Il s'agit de progresser dans cette nuit, qu'il se donne comme point de départ.
Puis la main court, au rythme des mantras obsessionnellement répétés, elle délivre des formes, des dômes et des pyramides de temples renversés, des portes,des passages, des labyrinthes. L'or, court dans les dédales de cette géographie mystérieuse. On est dans les ruines d'Angkor ou seulement dans les méandres des rêves, on se faufile entre les lianes d'or et des couloirs imprévus et l'on tombe sur la porte d'un temple oublié.
Où va la toile inspirée d'A.Dionys? A quel monde illisible nous conduit-il? Où se coule l'or de son stylo, de sa plume ou de son pinceau? Quels lits ses flux se façonnent-t-il pour rejoindre le lieu secret de ce monde ?
On pense à tous ces peintres et calligraphes d'une Asie légendaire, qui, dans le silence de leurs ateliers ou de leurs monastères, ornaient ainsi les livres saints.
Oui, même aventure spirituelle, car ce qui remonte de cette nuit d'or, à laquelle se livre A.Dionys, c'est sans nul doute une aveugle marche spirituelle, nomade et pèlerine, qui ne veut que trouver.
C'est pourquoi, à contempler une de ses toiles, c'est à une apparition que l'on pense. A un surgissement ruisselant d'or, un rideau d'or brodé de mille et une figures arrachées aux secrets des siècles engloutis.
C'est au déchiffrement de l'inconnu que ces toiles nous appellent.
Au retour des civilisations qu'on croyait à jamais perdues.